Dans une année largement réduite pour le cyclisme féminin, encore plus pour les jeunes, la Breizh Ladies n’a pas eu beaucoup d’opportunités de s’exprimer. Pourtant, Cédrine Kerbaol, Maeva Squiban et Marie-Morgane Le Deunff ont toutes les trois pu se montrer, leur permettant de passer au niveau supérieur. Arthur Quilliec, le directeur sportif, fait le point sur l’année.
Quel est le bilan de cette année marquée par le confinement ?
« Mitigé parce qu’on n’a pas couru autant que prévu. Il n’y a pas eu de Tour de Bretagne par exemple. Depuis l’été on a un bilan honnête. Le premier confinement était dur mais elles sont restées mobilisées. Ça n’a pas laissé d’énormes traces physiques. Elles ont pu avoir un peu de temps et profiter de chronos pour se remettre dans le bain avant les premières courses. J’ai échangé avec celles pour qui c’était le plus dur. Les filles ont été actrices, on a impacté les courses, c’est ce qu’on souhaitait et ce qu’on retient. On a plusieurs Top 5 et trois filles qui passent au niveau supérieur. On est là où on doit être pour former et permettre de passer au dessus. »
Les individualités ont tiré leur épingle du jeu, mais il manque une victoire…
« On a eu une très belle année pour Marie-Morgane (Le Deunff), Cédrine (Kerbaol), et Maeva (Squiban) qui a couru un peu avec Charente aussi. Toutes les trois font une belle saison mais il manque la victoire. On court après depuis quelques années, à part le chrono 47 l’année dernière. Il manque cet aboutissement pour lever les bras. Le truc à regretter c’est ça, malgré les belles performances et le fait de faire les courses à l’avant pour jouer la gagne. Il manque ce petit truc pour transformer cette belle saison en quelque chose de super. »
Cédrine a découvert le niveau Elites de très belle manière, notamment au Championnat de France…
« Elle chute sur crevaison. Elle n’était pas en difficulté, elle était vraiment bien. C’est sûr que la découverte du niveau Espoirs/Elites au mois d’août par un début comme ça, c’est bien et c’est beaucoup frustrant aussi. Ça montre qu’elle avait bien travaillé pendant le confinement et la période qui a suivi aussi, pour passer au niveau au- dessus. »
Le duo de juniors Le Deunff-Squiban s’est distingué aussi…
« Elles se sont imposées comme étant deux des meilleures en France cette année. Elles n’ont pas eu beaucoup d’épreuves au niveau international. Maeva fait quand même 2 et 4 aux Europe. Ce n’est pas anodin sur un Championnat comme ça. C’est une très belle performance qui montre le vrai potentiel à développer pour les années futures. »
Tu t’attendais à voir Marie Camenen médaillée au Championnat de France juniors ?
« En discutant avec le staff la veille, je disais qu’elle pouvait faire quelque chose car elle n’est pas au premier rang d’habitude. Elle pouvait surprendre de loin, on avait travaillé dans ce sens. C’est bien qu’elle puisse concrétiser. Ça avait été compliqué pour elle niveau motivation au milieu de la saison, et puis elle est équipière donc c’est un retour des choses qui peut lui donner la motivation supplémentaire cet hiver. »
Une page va se tourner l’année prochaine, tu es inquiet ?
« Il y a clairement un changement important, avec la moitié junior. On a des interrogations sur le niveau global des cadettes, je ne sais pas où elles se situent. C’est difficile de tirer des conclusions. Le France a été rassurant. On en perd plusieurs sur chute au départ, mais on a vu qu’on avait un groupe homogène capable de faire la course. Est-ce qu’on sera moins performant avec trois filles en moins capables de briller au niveau supérieur, c’est probable, mais on doit aussi former et partir sur un cycle nouveau. »
Tu arrives à te projeter sur 2021 ?
« On est un peu incertain encore. On devrait adapter le calendrier pour les jeunes, se déplacer sur la Coupe des Nations pour leur fournir des courses où elles vont pouvoir s’exprimer, sans se confronter à des filles de 4-5 ans de plus. L’idée c’est de rééquilibrer entre la Coupe de France et les UCI, et les jeunes. J’attends pas mal de Marie Camenen, je lui ai déjà dit, qui a une vraie capacité à lire la course et tactiquement à comprendre ce qui se passe. J’attends aussi les cadres, comme Lisa (Guérin). Qu’elles transmettent leur expérience et que tout le monde aille dans le même sens ! »
Article paru dans la Bretagne Cycliste numéro 1661